Vérité et caméléon

La vérité blesse, ça sonne comme une sentence sadique venant des personnes qui, sous couvert de leur honnêteté ultime, sans filtre, s’enquièrent d’une franchise sans faille les menant à donner leur avis sur tout. Surtout quand ça te concerne. Surtout quand tu fais un faux pas, surtout quand tu manques d’assurance…

Comme si ça les rassurait de mettre le doigt sur tes points faibles. Comme si ils y voyaient de quoi oublier les leurs.

Ils ont sans doute leur raison, mais ce sont des personnalités qui m’exaspèrent car souvent, la vérité qu’elles me giclent au visage n’est ni argumentée et je ne peux souvent pas contre-argumenter car l’ascenseur des « vérités blessantes » grimpe très vite.

J’aime la vérité, qu’elle soit difficile à entendre ou pas. Mais j’aime aussi les vérités valorisantes. Autant être franc sur le positif aussi.

Je suis une personne sans filtre, et je déballe tout. Ou presque. Mais seulement avec les personnes que j’aime inconditionnellement (c’est à dire, même lorsqu’elles ne me sourient pas tous les jours, rapport à ma vision binaire des expressions faciales) . Il faut du temps, de la confiance. Dire ce que je pense, c’est difficile pour moi, tant j’ai cette impression d’être à côté de la plaque. Nuancer certain propos ou argumenter pour se faire comprendre le mieux possible, c’est ce que je pratique.

Par contre, lorsque je dois parler à des « presque » inconnu – connaissance, ça demande un petit réajustement des mots.

Je crois, peut-être à tord, que l’on m’imagine grande hypocrite. Car j’ai remarqué avec le temps mon côté caméléon. Je ne suis jamais tout à fait moi quand je discute avec quelqu’un. J’ai cette angoisse que mon interlocuteur ne me comprenne pas, alors je parle comme lui. Je copie tout. Ses mimiques, son accent, jusqu’à son tempérament. Ce n’est pas réfléchi sur le moment.

A Marseille, on ne pouvait pas réellement savoir d’où je venais. J’avais un espèce d’accent du sud, un peu marseillais mais pas assez. A paris, on n’arrivait clairement pas à imaginer que j’étais Suisse « Mais t’as pas l’accent? ». À Bruxelles sur le marché, je passais facilement pour une marocaine, alors j’ai lié des liens avec eux. J’ai découvert un monde de gentillesse et de générosités.

Ça va tellement loin que je peux presque tomber en dépression en compagnie d’une personne qui en souffre.

Il y a encore quelques temps, je pensais que c’était le simple fait de me faire accepter, aimer. Ça l’est peut-être un peu. Et finalement, non, j’ai juste peur de passer pour une idiote.

Le bon côté de ce comportement : j’arrive d’année en année à comprendre tout un tas de personnalités.

Et j’en apprends toujours plus sur la mienne.

Parce que mon côté caméléon a ses limites. J’y perds beaucoup d’énergie et lorsqu’une personnalité m’en demande trop, je peux comprendre qu’elle est sans doute loin de la mienne.

Ça a parfois du bon, les neurones qui ne s’allument pas comme tout le monde.

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